Sébastien Carpentier, fils de Pierre Carpentier et d’Anne Leroy, naît le 19 avril 1733 à Francastel, une petite commune de l’Oise. Il arrive à Lyon dans les années 1750 avec son frère aîné Jean-Baptiste né lui aussi à Francastel le 11 septembre 1730.
Les deux frères sont présents au baptême de Louise Doat, fille de Jean Doat menuisier et de Jeanne Marie Vernay, le 23 janvier 1758. Ils sont alors qualifiés de menuisiers. A cette époque Jean Doat travaille chez le maître menuisier Pierre Nogaret, Sébastien et Jean-Baptiste ont sans doute le même maître. Jean-Baptiste ne laisse aucune autre trace de son passage à Lyon, aucun document le mentionnant après celui-ci n’a été retrouvé. Quelques mois plus tard, Sébastien Carpentier assiste au baptême d’Antoinette Godot le 31 mai 1758, fille de Jean Godot maître menuisier. Il accompagne Pierre Nogaret et François Noël Geny le parrain. Sébastien travaille alors toujours pour Pierre Nogaret.
Le 2 février 1761 est célébré son mariage avec Catherine Grangeon à la paroisse de Saint-Pierre-le-Vieux. Son épouse est la marraine de Catherine Godot, une fille de Jean Godot, décédé le 24 juillet 1758. La famille Grangeon était très proche de Jean Godot, il est fort probable que Sébastien Carpentier ait fait la connaissance de sa femme chez Jean Godot avec qui il a pu aussi travailler. Pierre Nogaret est témoin à son mariage. Le contrat de mariage, établi le 11 janvier 1761, précise que Sébastien Carpentier vit rue Dorée où se situe l’atelier de Pierre Nogaret confirmant ainsi sa présence chez ce maître.
Pierre Nogaret est signataire de l’acte de baptême de son premier enfant, Simon, né le 26 juin 1761 dont la marraine est Thérèse Favier, la femme de Pierre Joseph Joly menuisier chez Pierre Nogaret. Le 9 juin 1762 est baptisé François Blaise Carpentier le deuxième enfant de Sébastien Carpentier qui habite alors avec sa femme rue des Prêtres. Deux mois plus tard, le 22 août 1762, sa femme Cathrine Grangeon décède prématurement à l’âge de 28 ans. Pierre Joseph Joly et Pierre Jacques d’Hautancourt, tous deux menuisiers, sont témoins lors de l’inhumation.
Sébastien Carpentier se marie en secondes noces le 14 août 1763 avec Marie Hélène Saunier, le menuisier Pierre Jacques d’Hautancourt est témoin. Sébastien Carpentier travaille toujours pour Pierre Nogaret. De cette union naissent quatorze enfants entre 1764 et 1782. François Carpentier naît le 26 novembre 1764, son parrain est François Canot déchu de la maîtrise de menuisier en 1758. François Canot a quitté le quartier de Saint-Pierre le Vieux depuis cet événement. Ont-ils travaillé ensemble ? En 1765, après un passage chez Claude Levet, Sébastien Carpentier quitte la paroisse de Saint-Pierre-le-Vieux pour celle de Saint-Georges. Il travaille pour François Girard en compagnie de Pierre Charles Lenormand et de Nicolas Parmentier qui est le parrain de son fils Nicolas Sébastien né le 24 septembre 1766. Il revient rue des Prêtres dans la paroisse de Saint-Pierre-le-Vieux en octobre 1767. Le 29 août 1768, Sébastien Carpentier est témoin au mariage de Nicolas Parmantier et de Laurence Girard.
Sébastien Carpentier s’installe rue l’Arbre Sec en 1769 pour y demeurer jusqu’en 1778, il obtient sa maîtrise en 1770. Il produit alors tous types de sièges comme le précise une de ses étiquettes publicitaires retrouvée sur un siège :
Le sieur Carpantier, Maître menuisier, demeurant dans la rue de l’Arbre-sec, au premier étage, à Lyon, fait et vend toutes sortes de Meubles en Fauteuils, Chaises, Canapés, Ottomanes, Duchesses, & autres, tant en cannes, que prêts à être garnis ; toutes sortes de Lits avec leurs Impériales, & généralement tout ce qu’il faut pour meubler les Appartements dans le dernier goût. Ceux qui souhaiteront quelques articles de chez lui, pourront en venir voir des modeles, & il les en accommodera à très bon prix.
Les sièges qui nous sont parvenus sont majoritairement transition et Louis XVI, estampillés pour certains de sa marque :S CARPANTIER. A noter l’existence d’une première version de cette estampille : I:S CARPANTIER découverte sur un canapé de forme Louis XV. Pendant cette période, il travaille avec différents maîtres tapissiers comme Claude Jaquet, François Poujol, Jean Jacques Dufraisse et Pierre Charles Chartron. En 1778 ou 1779, il déménage et s’installe rue Mulet.
Le 23 mai 1786 son fils Claude décède à l’âge de 15 ans. Il est inhumé dans la paroisse de Saint-Pierre le Vieux en présence de Pierre Jacques d’Hautancourt. Claude était probablement en apprentissage chez un maître menuisier au moment de son décès. Moins d’un an plus tard, le 2 avril 1787, c’est son fils René qui décède à l’âge de 7 ans, lui aussi est inhumé dans la paroisse de Saint-Pierre le Vieux en présence de Henri Chalet compagnon menuisier.
Le 11 juillet 1793, son fils Jean Jacques s’engage à 20 ans dans l’armée, il intègre le 21e régiment d’infanterie de ligne. Le 11 mars 1794, Sébastien Carpentier est présent au mariage de sa fille Antoinette Hélène et de Jean François Philippe un sergent du bataillon de la Montagne, plusieurs témoins font partie de l’armée révolutionnaire. Sa fille Magdeleine se marie le 19 janvier 1799 avec Jean Luc Allasia un perruquier de Lyon.
Sébastien Carpentier signe d’une main tremblante la déclaration de naissance de sa petite-fille Catherine, fille de Jean Jacques Carpentier née le 20 mai 1812. Il décède le 8 novembre 1813 à l’Hôpital de la Charité, il est alors âgé de 80 ans et toujours menuisier.
Eric Detoisien
Estampille
Bibliographie
- Edmond Delaye, Quelques menuisiers en sièges de Lyon, Lyon, Provincia, 1936.
- Bernard Deloche et Jean-Yves Mornand, Nogaret et le siège lyonnais, Lyon, Jacques André, 2008 ; 2e édition 2012.
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